KER MER rencontre Yindigo A. Mochizuki

La Seine A Paris

Mode

Minimum essentiel

Yindigo n’est pas un nom typique au Japon. Il n’y a d’ailleurs rien de typique chez cette jeune créatrice. Le grand père de Yindigo Mochizuki était Russe, un fin connaisseur de thé qui avait lancé son entreprise de thé avec un marchand anglais au Japon. Son fil, le père de Yindigo, avait repris l’entreprise familiale et pour les besoins de son commerce avait parcouru le globe de Saint-Petersburg à Paris, de Taipei à Shizuoka au Japon.

C’est là qu’il avait choisi de s’établir en épousant une Japonaise avec qui il allait fonder une famille, tout en poursuivant ses ambitions dans le commerce du thé.

La quête ultime de la famille consistait à identifier et à noter les différentes saveurs subtiles du thé vert afin de mettre en place un système de classification. A ces fins, ils avaient associé le goût des thés verts avec la couleur Indigo.

Or en Japonais, la couleur Indigo se decline en une quantité de nuances tel que le bleu délicat ‘Kamenozoki’ (qui signifie littéralement regarder depuis un petit trou dans le bol d’Indigo) ou le bleu triste ‘Koiai’, le plus sombre, une préférence nationale depuis des temps ancestraux, qui signifie hospitalité.

Cette échelle de couleur reste aujourd’hui au Japon la référence ultime pour qualifier les thés verts.

Yindigo tient donc son nom de cette couleur, symbole fort d’un pays entouré de l’océan, salué d’un Y pour ses origines Russes.

Sa première carriere de Docteur en aromathérapeute est naturellement liée à cet environnement familial.

En 2011, un tremblement de terre de magnitude 9 lache un tsunami devastateur au Nord-Est du Japon. La ville de Rikuzen-Takata est presque complètement detruite.

Yindigo assiste les survivants et les traite en utilisant son aromathérapie. De nombreux cas souffraient d’insomnie et de choc traumatique. En plus de leurs maisons, nombre d’entre eux, des femmes surtout, avaient perdu leur travail et leur existence.

Une usine restée intacte car construite en hauteur servait d’abri; elle avait été requisitionnée pour les nombreux habitants sans logement. Or cette usine était specialisée dans le textile, en particulier le tissage de vêtements pour bébés et enfants avec des allergies de peau.

D’eminents dermatologues avaient participé à sa création. Yindigo se pose alors la question des adultes. Pourquoi n’auraient ils pas accès à ce trésor de confort ? Le propriétaire avait besoin de sortir de l’impasse du Tsunami et s’entend bien avec Yindigo. C’est un tournant majeur pour les deux.

C’est ainsi qu’en Janvier 2015, Yindigo lance sa marque avec le fameux Less is Core, des sous-vêtements unisex ultra-legers avec du coton Air Knit, 60% plus leger que les produits leaders du marché.

“Nous nous concentrons sur des combinaisons naturelles avec des profils technologiques innovants” explique Yindigo.
Pour marier le savoir faire ancestral avec les techniques de pointe, Yindigo a couvert le Japon de long en large. Elle a découvert ses fournisseurs parmi les meilleurs ouvriers dans des petites usines ou dans des ateliers regionaux. Ainsi son tissu Air Knit est produit à Mie, les sous-vêtements à Iwate et Miyagi, les chemises à Nagasaki, Osaka et Shizuoka, la soie provient de Kyoto, les produits d’aromatherapie sont fabriqués à Shizuoka, et les quatre laboratoires de recherche ainsi que la R&D se trouvent à Tokyo.
Comme tous les savoir-faire ancestraux, les maîtres artisans sont sur le déclin. A l’heure de leur retraite, de nombreuses techniques risquent de disparaître car les jeunes ne sont pas attirés par ces domaines d’artisanat.
C’est une observation que Ker-Mer entend souvent venant de tous les coins du globe.

Jean